L'influence du XIXe siècle sur la mode masculine

Publié le par Beliath d'Eliancourt


ien qu'apprécié aussi bien des femmes que des hommes depuis la Renaissance, l'art vestimentaire devint à l'époque romantique, et notamment au XIXe siècle, l'apanage des seules femmes. Le costume masculin perdit de sa superbe. Néanmoins, l'homme du siècle vaurien garda sa coquetterie, bien qu'elle devint moins ostentatoire ; il l'a fit resplendir, notamment sous l'influence des dandies, qui eurent parfois mieux été nommés grotesques.
Barbey d'Aurévilly lui-même tomba dans cette débauche vestimentaire qui bien qu'elle ne soit puisse être dite vulgaire, en atteignait presque la frontière. Fait d'autant plus cocasse lorsqu'on sait que l'idole de l'auteur des Diaboliques n'était autre que Brummel, qui se vêtait aussi sobrement que ces contemporains.
A contrario, Baudelaire, dandy lui aussi, bien qu'il ne sortit jamais durant sa jeunesse sans ses gants rose, portait l'habit noir de son époque ; sa transgression résidait d'avantage dans le port quotidien d'une cravate noire, habituellement signe de deuil ; cette cravate devint le symbole des Romantiques.
Les habits portés par cette génération maudite restent actuels et, savamment mis, ils sont le signe intemporel de l'élégance masculine.
Ce qui suit n'est pas un article présentant de façon exhaustive les manières de se vêtir des hommes du XIXe. La mode de ce temps ayant connu plusieurs évolutions majeures entre l'Empire et la IIIe République, je ne ferais qu'un résumé généraliste qui a pour but de faire en partie revivre la science vestimentaire de cette époque, (avec les habits du XXIe sciècle) bien qu'il soit complété d'éléments historiques.

I – La costume

Au XIXe siècle, c'était l'habit (costume pourvu d'un queue-de-pie) qui était porté en toute occasion. Souvent noir, il était accompagné d'une cravate ou d'un noeud blanc, et d'une chemise sur lequel était passé un plastron. Ce costume est tombé en désuétude.

Le smoking, apparu plus tard, est un vêtement d'intérieur utilisé par les Britanniques lorsqu'ils allaient au fumoir. Ils enfilaient alors cette veste et la retiraient ensuite, pour ne pas sentir le tabac. Il se porte avec une chemise blanche à col cassé et un nœud noir.
Le duc de Windsor mit fin à cette coutume en portant le smoking lorsqu'il recevait ses invités ; puis les Américains en firent un symbole d'élégance et le portèrent lors des grandes occasions. Les yankees n'étant pas vraiment des modèles de raffinement, évitez le port du smoking en dehors des cocktails, à moins de souhaiter passer pour un grotesque.

Le complet trois pièces se compose d'une pantalon à pinces, d'une veste et d'un gilet. C'est le costume le plus habillé, mais aussi le plus raffiné lorsqu'il est bien porté.
N'attachez pas votre veste, mais fermez toujours votre gilet. Ce dernier peut être de la même étoffe que votre costume, mais vous pouvez aussi le changer et préférer un gilet brodé d'une couleur pas trop pastel. Il est inutile de préciser que le gilet se porte toujours avec une cravate assortie.

Le costume droit à deux ou trois boutons, ou « costume de ville » est le moins habillé. Souvent porté avec une chemise et une cravate, il peut se convertir en complet trois pièces grâce à l'ajout d'un gilet.
Une personne assez forte y devrait mettre un costume croisé.
Préférez des couleurs sobres et unies, en variant selon les saisons (noir en hiver, gris au printemps et en été, et marron en automne). Vous pouvez vous permette pour seul fantaisie les costumes noirs à fines rayures grises.
En cas de froid ou lors de sortie en campagne, vous pouvez changer la chemise par un pull à col roulé assorti au costume.

II – La chemise

La chemise était d'abord une tunique sans boutons qu'on enfilait par la tête ; les boutons ne firent leur apparition qu'en 1871.
Les cols diffèrent en fonction des chemises : 

  – Classique : col évasé ;
  – Anglais : col étroit ;
  – Italien : col plus évasé que le Classique.
  – Boutonné : col boutonné sous les pattes, afin de le fixer durablement.

Au XIXe siècle, les cols pouvaient se porter aussi bien relevés qu'abaissés. Cette mode a disparu, mais rien ne vous empêche de la faire revivre. Il vous faudra alors impérativement porter un gilet à col de veste et une lavallière ; surtout pas un gilet classique et une régate !
Les poignets, pourvus de dentelles au XVIIIe siècle, étaient fixés par des bandes de tissus. Le XIXe siècle vit apparaître les boutons de manchettes, indispensable aux poignets mousquetaires. Si possible, préférez ce type de poignets au lieu de ceux à boutons cousus.

II – La cravate et le nœud papillon

Remplaçante du jabot qui avait lui-même succédé à la fraise, la cravate est une étoffe portée par toutes les couches sociales. Au XIXe siècle, elle était de type lavallière, la cravate « moderne » régate étant apparue en 1924.
La lavallière tire son nom de la duchesse Louise de la Vallière, maîtresse du roi Louis XIV, qui portait du temps de sa splendeur une cravate à larges pans et boucles, souple et grise, couleur de la famille de la Vallière. La lavallière est donc la plus noble des cravates.
Nouée en lavallière1 ou en régate2, et plantée d'une épingle à cravate, elle sera du plus bel effet. Apprenez à nouer correctement une cravate ; c'est un art plus difficile qu'il n'y paraît mais bien nécessaire.
Le nœud le plus élégant, mais aussi le plus ardu, est le Windsor. Il est idéal pour un col classique ou italien. Si la cravate est épaisse, faites un demi-Windsor.
Pour un col anglais, optez pour un noeud simple, un noeud double ou un petit nœud.
Le nœud papillon ne se porte qu'avec un habit (il est alors blanc) ou un smoking (il est alors noir). Dans tous les autres cas n'en portez pas, notamment si vous avez un gilet... sauf si vous vous appelez Bozzo le Clown.

IV – Les accessoires

Bien que la cravate donne une touche élégante à votre mise, son port n'est pas accessoire mais obligatoire. C'est une mode typiquement américaine, venue de leur causual day de ne pas porter de cravate avec un costume. Bien que le vulgus pecudum ait adopté cette « tradition », abstenez-vous en.
Au contraire, la cravate est, comme me l'avait si bien affirmé une vieille dame, l'une des dernière coquetterie des hommes.
Si c'est une lavallière, piquez-y donc une épingle à cravate. Dans ce cas, tachez à assortir l'épingle à la cravate (dorée pour une cravate claire, argentée pour une cravate sombre) surmontée d'une pierre ou d'une perle nacrée.
Dans la cas d'une régate, vous pouvez, si vous désirez être original, fixer un clip sur la cravate. Assortissez-le à la couleur de votre cravate ou de votre gilet.
La pince à cravate est tolérée si elle sert à fixer la cravate à la chemise et qu'elle est discrète.

Pour vos boutons de manchettes, choisissez-les en fonction de votre chemise ou, si vous en portez, de votre épingle à cravate. Bannissez les épingles fantaisistes en formes de dés et autres lunettes.

La pochette n'est pas obligatoire, bien que rien de vous coûte d'y glisser un carré de soie assorti à la cravate. Il en va de même pour la boutonnière ; laissez-la vierge, ou glissez-y une fleur (véritable et non pas factice !). L'usage d'un pin's n'est toléré que s'il n'est pas fantaisiste et s'il est doré ou argenté.

La montre doit être discrète et assortie à vos aux boutons de manchettes. Elle doit être fine, à aiguilles et être attachée grâce à un bracelet en cuir. L'idéal reste la montre à gousset, glissée dans la poche du gilet.

Les chaussures doivent être en cuir et assorties au costume : elles doivent être noires pour un costume noir, bleu et gris , et marron pour un costume marron. Ne portez surtout pas de chaussures de sport avec un costume !

La canne, désormais réservée aux vieillards, étaient l'apanage de toute la bonne société au XIXe siècle.
Décorée d'un pommeau ciselé argenté ou doré, elle n'était pas faite pour la marche, mais pour sa prestance noble. La canne à pommeau est une variante de l'épée de cour, dont le port fut interdit du fait des duels qui meurtrissaient les nobles familles de France et de Navarre.
C'est un accessoire assez anachronique qui saura parfaire votre mise tout en assurant votre prestance et votre élégance.
Vous pouvez tout aussi bien vous servir d'un parapluie long comme d'une canne, du moment que celui-ci soit noir uni et pourvu d'une crosse métallique ou en bois.

Enfin, les gants doivent épousés la main et être en coton ou en velours de teinte noir ou blanche. Ne portez des gants en cuir, plus gros, que lors des périodes froides ou pour pratiquer l'escrime classique (la version sportive n'ayant aucun intérêt artistique).
____________________
1 Commencer comme un Windsor, mais ne passer pas le pan dans la boucle. Piquez-le d'une épingle à cravate pour le maintenir en place.
2 Je parle là des noeuds standards (simple, double, windsor, ...) 

Publié dans Culture & Art de vivre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
Y
Hello !<br /> Article très sympa, juste je me demandais : quel est le nom du noeud du ruban porté sur l'illustration en en-tête de l'article ?<br /> Merci !
Répondre
T
Je me disais bien que tu devais être Béliath du fofo de Spade....<br /> J'adore les mode Romantique du XIXe siècle, elle m'inspire et je m'habille aisnis. Ne trouvant pas grand chose pour contenter ma soif d'esthtisme, je me lance dans la confection de mes propres robes. En tout cas, apparement tu as trouvé de quoi te combler sur le plan vestimentaire, tres beau style, tres raffiné, j'adore ! Aurais tu un book photo ?
Répondre