Le Père-Lachaise : du Romantisme au vampirisme

Publié le par Beliath d'Eliancourt

lus vaste nécropole et parc vert de la Ville des Lumières, le Père-Lachaise ou le cimetière de l’Est est un haut lieu du Romantisme – peut-être le dernier. La beauté luxuriante de la Nature y côtoie les tombes et les chapelles funéraires, allant parfois jusqu’à s’immiscer entre-elles et en elles…
Demeure éternelle de Balzac, Nodier, Nerval et Wilde, pour ne citer qu’eux, le cimetière du Père-Lachaise est rempli de secrets, de mystères et de symboles… C’est un lieu que j’apprécie fortement de par son calme et sa beauté, car bien qu’étant un cimetière, il n’en reste pas moins un véritable musée d’histoire et d’architecture.


Suite à l’interdiction royale de 1775, interdisant le présence d’un cimetière en ville pour des raisons sanitaires, le cimetière des Innocents – utilisé depuis l’Antiquité et situé jadis sous l’actuelle Place Joachim-du-Bellay (communément appelée la Place de la Fontaine, aux Halles de Châtelet) – fut vidé en 1786. De nouveaux cimetières furent donc créés en dehors des murs de Paris (bien que l’extension de la ville fait qu’il se trouve à présent à l’intérieur des murs) : les cimetières de Montparnasse, de Montmartre, de Passy et du Père-Lachaise.
Ouvert en 1804, le cimetière du Père-Lachaise fut boudé des Parisiens : il était situé dans une zone considérée comme populaire et pauvre, et n’était pas une terre bénie par l’Eglise.
Afin d’attirer les Parisiens, on y fit amener les restes de Molière et de La Fontaine (pour les artistes) et ceux des amants légendaires, Héloïse et Abélard (pour les romantiques et les chrétiens).
Au fil des ans, le cimetière, grâce aux soins des architectes et des paysagistes qui y ont travaillé, est devenu un endroit magnifique. Les sépultures, quelle soit de simples tombes, des gisants, des temples ou des chapelles, nous racontent leur histoire, et vous plonge dans la rêverie et la mélancolie. La Beauté, qu’elle soit sous forme de végétation ou de sculpture, côtoie harmonieusement la Mort. Ainsi peut-on voir, dans une allée proche du Crématorium, un nourrisson embrassant pour la dernière fois sa mère sur son lit de mort, une figure émouvante que l’artiste a rendu éternelle. Ou bien, à proximité du tombeau d’Héloïse et Abélard, sur la tombe d’un couple, deux bras de bronze se tenant par la main… ensemble jusque dans la Mort.


Héloïse et Abélard, parlons-en justement : ils vécurent au XIIe siècle. Pierre Abélard, moine philosophe et théologien, alors qu’il était chargé de parfaire l’éducation de Héloïse, la pupille du chanoine Fulbert, tomba sous son charme. Ils ne tarderont pas à s’adonner aux plaisirs de la chair.
Leur union sera découverte par Fulbert. Fou de rage, il fera émasculer Abélard. Pourtant, leur séparation, Héloïse et Abélard continuerons à s’aimer, transformant un amour charnel en amour spirituel. Ils seront les auteurs de nombreuses lettres qui marqueront la littérature épistolaire médiévale. Dans l’une de ses correspondances, Pierre Abélard écrivit ces mots, pleins de passion et pourtant si choquant venant d’un homme de Foi : 

"Les plaisirs amoureux qu'ensemble nous avons goûtés ont pour moi tant de douceur que je ne parviens pas à les détester (...). Au cours même des solennités de la messe, où la prière devrait être plus pure encore, des images obscènes assaillent ma pauvre âme (...). Loin de gémir des fautes que j'ai commises, je pense en soupirant à celles que je ne peux plus commettre."

Leur mausolée fut transféré dans la nécropole en 1817, aux frais de l’Etat. Les amants y reposent pour toujours, réunis par la Mort et par les hommes…


Le monument gothique de ce couple médiéval n’est pas le seul chef-d’œuvre architectural du Père Lachaise. Culminant 28 mètres de haut, le "phare" de Félix de Beaujour règne en maître sur la nécropole. Tour de Babel parmi les morts, cette gigantesque sépulture semble s’élever vers le ciel, comme une provocation au Divin, car les initiés découvriront une symétrie toute…maçonnique. Et effet, le Franc-Maçonnerie fait partie du paysage du Père-Lachaise. D’ailleurs, il n’est pas rare de découvrir dans le « secteur romantique » (nom communément donné à la partie la plus ancienne du cimetière), quelques traces du passage des franc-maçons.
Mais Félix de Beaujour à une rivale qui lui fait de l’ombre… Plus haute sépulture du Père-Lachaise avec ses 31 mètres de haut, le mausolée de la princesse Démidoff-Strogonoff est un chef-d’œuvre architectural inspiré des temples de la Rome antique.
La famille Demidoff était réputée pour être propriétaire de nombreuses mines d’or, d’argent et de diamant. Une clause étrange du testament stipule même que la famille de la princesse fit don à la Mairie de Paris d’un million de Francs or qu’elle devrait remettre à toute personne ayant la bonté de rester avec la défunte princesse, à l’intérieur de la crypte, durant un an. Inutile de préciser que tous les candidats n’ont pas tenu une journée et sont ressortis fous, croyant avoir vu des apparition… Afin de conserver la santé mental de la population, la Mairie de Paris a donc interdit les candidatures.
Pour les amateurs de vampirisme, sachez que ce mausolée aurait un lien avec les vampires. Les adorateurs de théorie tordues disent ça-et-là que le princesse serait une vampire. Pour affirmer leur thèse, ils citent la date du décès la princesse, le 18 avril 1818 ; la présence des trois 8 étant, paraît-il, un symbole vampirique (le 888 serait le chiffre du vampire… je m’abstiendrais de commentaires…), ainsi que les sculptures de loups qui ornent la majestueuse sépulture (le loup étant un serviteur du vampire).


Bref, tout cela est amusant, mais les véritables chercheurs vampiriques restent sur leur faim. N’y a-t-il donc pas de légende vampirique dans le cimetière du Père-Lachaise ? Pas si sûr.
De part et d’autre de ce cimetière apparaissent d’innombrables chauves-souris fondues sur les portes des chapelles. Il est surprenant d’en voir autant dans un cimetière.
Au croisement de l’Avenue Casimir Perier et du Chemin Serré, sur la sépulture du physicien Robertson veillent des hiboux (symbole de la nuit) et des crânes pourvus d’ailes de chauves-souris. Un peu plus loin, en remontant cette avenue, en passant le rond-point Casimir Perier – où se trouve la tombe de Raspail qui a servi pour la pochette d’un des album du groupe d’heavenly-voices Dead Can Dance –, et en empruntant un petit passage situé à l’entrée de l’Avenue des Acacias (Fleurs de l’Immortalité) qui débouche prêt de du Mausolée de Démidoff-Strogonoff (encore elle !), vous arriverez dans une allée très ancienne du cimetière dont le nom ne manquera pas de troubler les initiés : le Chemin du Dragon.
Pour ceux qui l’ignore, Vladimir III, prince de Valachie au XVe siècle, portait le surnom de Drakula (« fils du Dragon »). Fils de Vlad II de Valachie, dit Drakul, il fit partie d’une organisation chrétienne chargée de lutter contre les Ottomans : L’Ordre du Dragon. Il fut connu pour sa cruauté, n’hésitant pas à faire empaler ses ennemis – d’où son titre d’Empaleur (« Tepes ») – avant de les démembrer. La légende veut qu’il aima souper devant ce spectacle macabre en trempant son pain dans le sang de ses victimes. Son personnage inspira Bram Stocker pour son Dracula.
Mais voilà donc un fait bien plus étonnant : dans cette Allée du Dragon, à quelques mètres du mausolée de la princesse Démidoff-Strogonoff, se trouve la chapelle… d’un prince de Valachie ! La coïncidence est  d'autant plus stupéfiante quand, lorsque l’on regarde l’aigle royal qui veille sur la sépulture, on peut remarquer entre ses serres les instruments permettant de tuer un vampire : un pieu et un crucifix…



Détails de la chapelle Bibesco

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G
<br /> Merci pour ce document...Exeptionelle sur les vampires et brovo pour la petite visite guidé du cimetière...<br /> <br /> <br />
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M
dans ce cas pourquoi parler de vlad 3draCULEA en parlant des ''curiosité du père lachaise '' sachant que le rapport est mince ... ils n'ont que le titre en commun (et pas de liens de parentés ) c'est la porte ouverte a toute comparaison facile .<br /> enfin bon il semblerait que l'écriture ne soit pas vraiment ton fort ..
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M
tu écrit nimporte quoi a propos du prince de valachie présent au père lachaise , en effet tu confond vlad 3 basarab avec george bibesco , ce dernier jouissant du meme titre .
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B
<br /> Nulle part je ne prétends que Georges Bibesco est Vlad III Basarab. D'ailleurs, ils n'ont pas vécu à la même époque (1805-1873 pour Bibesco, 1431-1476 pour Vlad III). Je ne faisais référence<br /> qu'à une des nombreuses curiosités du Père-Lachaise... Mais bon, encore faut-il savoir lire, ce qui n'a pas l'air d'être ton cas, hélas.<br /> <br /> <br />
M
tu écrit nimporte quoi a propos du prince de valachie présent au père lachaise , en effet tu confond vlad 3 basarab avec george bibesco , ce dernier jouissant du meme titre .
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P
Superbe site, mais dommage que vous critiquiez les adorateurs de théorie tordues... Car vous semblez prendre même le fait des chauves souris au Père Lachaise chez ces derniers...
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