Le Dandysme

Publié le par Beliath d'Eliancourt

 


nfants d'un siècle d'ennui, à l’instar des romantiques, les dandies étaient aussi des révoltés luttant contre les convenances de leur siècle. Mais à la place des Arts, les dandies recherchèrent un idéal dans l’esthétisme et sur l'ego. Pour Albert Camus, le dandysme est une des formes les plus radicales de la révolte romantique.
Mais qu’est-ce qu’un dandy ? Il est difficile de trouver des points communs entre Brummel, le « roi des dandies » qui s’habillait sobrement tout en faisant attention à ses gilets ; entre Barbey d’Aurévilly qui se vêtait d’accessoires à outrance, au risque de paraître ridicule malgré lui ; entre Baudelaire, dont l’austérité de la mise – avec son habit intégralement noir dont la seule transgression esthétique était sa cravate éternellement noire nouée de façon grossière (quoiqu’elle devait plus venir de son penchant romantique que dandy) et ses gants rose ; entre Wilde, cet écrivain irlandais reconnu qui pouvait se rapprocher d’un Barbey d’Aurévilly mais en moins extravagant ; ou encore entre Byron, ce poète romantique qui dédaignait la cravate, ne la portant qu’en de rare occasion, d’une façon toute romantique : les pans dénoués flottants au vent.
Esthétiquement donc, il n’y a rien en commun entre ces grandes figures du dandysme. Ainsi, ce dernier n’est pas une simple affaire de mode, loin de là. Pour paraphraser Barbey d’Aurévilly, « Ce n’est pas un habit qui marche tout seul ! Au contraire ! C’est une certaine façon de le porter qui fait le dandysme »1.
Est-ce donc une attitude ? Une philosophie de l’élégance, l’élégance du corps et de l’esprit ? Il est possible que ce soit cela. Un culte rendu à soi-même, une glorification de la vanité ? Certes, voilà qui est plus proche de la réalité. Les dandies sont vaniteux, car à quoi cela sert-il d’être humbles si ce n’est de finir comme un esclave alors qu’on peut s’élever au rang de dieux ?
Cette vanité, on la retrouve souvent chez les dandies : « J’ai mis tout mon génie dans ma vie ; je n’ai mis que mon talent dans mon œuvre » disait Oscar Wilde. Mais parfois, l’on peut constater qu’à trop être vaniteux, on en perd le sens de la courtoisie, voire même de la galanterie. Que Brummel se moque ouvertement du Régent d’Angleterre2 peut aisément se pardonner, les Anglais étant de bien grossières personnes pour connaître le sens même de cette art tout français qu’est la courtoisie ; mais qu’un Français comme Barbey d’Aurévilly (encore lui !) se moque de l’attitude de d’Orsay, je m’offusque !3 Même si le dandysme est anglais, il n’est nul besoin de singer les mœurs anglaises ! Si cela ne tient qu'à un terme, changeons-le... Soyons dandies mais restons Français que diable ! En cette ère où toutes les notions de courtoisie et de galanterie sont tombées en désuétude, quoi de plus élégant, de plus glorieux, de plus divin que de les sortir de leurs écrins poussiéreux afin de les faire resplendir de nouveau de leur éclat d’antan ?


"Le dandysme n’est même pas, comme beaucoup de personnes peu réfléchies paraissent le croire, un goût immodéré de la toilette et de l’élégance matérielle. Ces choses ne sont pour le parfait dandy qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son esprit." –
Charles Baudelaire

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1 In Du Dandysme et de George Brummel, Ch. V, Barbey d'Aurévilly, 1845.
2 Brummell se moqua un jour de l'embonpoint du Régent d'Angleterre en le surnommant Big Ben (le gros Ben), un surnom donné à un de ses valets. L'insulte y est double, puisqu'en plus de se moquer de sa surcharge pondérale, Brummell, rabaisse le Régent au rang de domestique. Une petite histoire qui sera à l'origine de son exil.
3 « Quant à ce duel charmant de d'Orsay, jetant son assiette à la tête de l'officier qui parlait mal de la Sainte Vierge, et se battant pour elle, parce qu'elle était femme et qu'il ne voulait pas qu'on manquât de respect à une femme devant lui, quoi de moins dandy et de plus français ?... », In Du dandysme et de George Brummel, Ch. XI, Barbey d'Aurevilly, 1845.

Publié dans Culture & Art de vivre

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R
Et bien je me coucherai moins stupide ce matin.<br /> J'avais effectivement une imagine du Dandy... Comme libertin, dragueur et arrogant (tout ce que je n'aime pas)<br /> merci.
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